03 mai 2006

Le temps des utopies (1)


La lecture de « l’ Histoire de l’utopie planétaire » d’Armand Mattelart (La Découverte ) (sous titré « de la cité prophétique à la société globale ») souligne, en creux, la pauvreté des débats actuels liés à la mondialisation et à l’inverse le foisonnement des idées suscité jusqu’à la fin du 19ème siècle par la globalisation du monde.

Ce foisonnement est d’autant plus impressionnant que la « globalisation » que le monde a connu aux 18ème et 19ème siècles relevait beaucoup plus d’une anticipation que de la réalité comparée à la mondialisation d’aujourd’hui.

Il est enfin impressionnant que les penseurs, philosophes, économistes, publicistes, juristes et joyeux farfelus qui nourrissent ce foisonnement abordent l’ensemble des termes du débat avec une allégresse qui tranche avec notre dépressive appréhension de la mondialisation.

Certes, la démocratie, les techniques, l'information ont transformé les confidentiels débats d'alors qui n'intéressaient que quelques uns, et d'abord ceux qui savaient lire, en un forum où chacun a aujourd'hui voix au chapitre.

Les canuts lyonnais, si leur voix s'étaient mélés à l'allègre débat d'antan, auraient, peut-être, modéré cette impression d'allégresse.

Mais il est plutôt probable que, aurait-elle eu voix au chapitre, la grande majorité des français d'alors n'aurait pas envisagé tout ce qu'elle avait à perdre à ce que l'horizon de son univers s'étende au delà de son champ et de son clocher. Elle n'avait rien à perdre d'autre que la certitude des famines à venir.


(à suivre)